80 ans d'écrivaines engagées


Tu veux un sac avec ÉVA CIRCÉ-CÔTÉ dessus. Parce qu'elle a presque été, à elle seule, TOUTE la culture canadienne-française progressiste au début du vingtième siècle. Éva Circé-Côté a donné des conférences, en plus d'écrire des pièces de théâtre, en plus de fonder la première bibliothèque municipale de Montréal, en plus d'être nommée première vice-présidente de la Société des auteurs canadiens, en plus d'ouvrir une école laïque pour filles, en plus de militer pour l'instruction gratuite, pour le féminisme, pour la séparation de l'Église et de l'état, pour toutes les idées nouvelles que le clergé trouvait débiles. Et puis durant tout ce temps-là, elle écrivait genre 1100 chroniques, essais, poèmes dans tous les journaux progressistes, radicaux, ouvriers, syndicaux qui existaient, et même dans des journaux protestants question d'en faire chier le plus possible. Et tout le monde lisait ça en se disant "c'est si beau le Québec! Nous avons un milieu intellectuel si vivant, si tourné vers le progrès!" mais tchecke ça, Éva Circé-côté a tout publié ça, les 1100 chroniques, sous un paquet de pseudonymes! C'ÉTAIT ELLE TOUTE SEULE TOUT CE TEMPS-LÀ!!

Tu veux un sac avec JOVETTE BERNIER dessus. Parce que son premier roman, La chair décevante, a été écrit pour faire chier Camille Roy, un genre de Mathieu Bock-Côté de la littérature canadienne-française du début du siècle, gardien borné de la morale patriotique et du terroir et des choses belles et saines pour le peuple craintif. La chair décevante raconte la vie d'une riche veuve qui, pour s'enlever de la tête l'obsession de faire l'amour à son fils illégitime, s'épanche dans une vie de croisières et de grand luxe, et tout est raconté avec des petites phrases de journal intime faites pour picosser la censure. Jovette Bernier est une Pussy Riot des années 30.

Tu veux un sac avec ANDRÉE MAILLET dessus. Parce qu'Andrée Maillet a publié un livre en 1952, un livre complètement oublié qui s'appelle Profil de l'orignal et qui est d'une beauté fucked up du diable. Ça commence dans le bois par une chasse à l'orignal et Paul Bar disparaît. Mais il réapparaît dans tous les chapitres après, et on est plus dans le bois, on est dans un langage luxuriant et encyclopédique qui fait vibrer le réel d'une manière bizarre, et Paul Bar est déguisé tout le temps, et le Québec décrit dans le livre est plus riche d'expériences esthétiques et de savoir et de culture que dans aucun roman écrit jusque là. C'est le chaînon manquant entre Lautréamont et Réjean Ducharme. Mais Andrée Maillet n'a pas fait comme Lautréamont et Ducharme en mourant vite ou en se cachant derrière ses livres. Elle a milité toute sa vie pour la jeune littérature québécoise comme une battante en faisant des compte-rendus et des critiques. Et elle leur a montré qu'elle en avait dedans, aux petits jeunes des années soixante avec des idées nationalistes révolutionnaires, en étant une des seules femmes à se présenter pour le R.I.N à la fin des années 60 DANS WESTMOUNT!!

Tu veux un sac avec LOUKY BERSIANIK dessus. Parce qu'après un siècle d'écrivaines canadiennes-françaises badass que l'histoire littéraire a sans cesse rejetées en marge, Louky Bersianik arrive et dit ok là ça va faire et tout le monde est là qui panique! Je veux dire, Camille Roy ça fait longtemps qu'il est mort, mais il a été remplacé par des hommes aussi pires avec des barbes des années 70 pis des vestons en corduroy qui pensent qu'ils savent tout et que les femmes qui écrivent c'est certes honorable mais c'est quand même pas une priorité quand la littérature d'émancipation nationale qui parle à l'universel reste encore à faire. Et là, Louky Bersianik fait ouin? ouin? l'universel? l'universel? Franchement! Y a jamais de femmes dans vos affaires. Et là, elle prend plein de textes classiques que l'histoire littéraire aime vraiment fort comme, mettons, la Bible ou les oeuvres de Platon et elle fait des détournements délirants et elle rajoute des femmes partout et elle les fait parler de politique et là les hommes, TOUS LES HOMMES DE L'HISTOIRE DU MONDE sont comme, "ouin bin on dirait qu'on en a échappé une sur ce coup-là. Et ce, depuis la nuit des temps." Who took the Bomp from the Bompalompalomp? Louky Bersianik.

Ce sac, il parcourt quatre-vingt ans d'écrivaines badass, dissidentes, féministes en territoire québécois. Des écrivaines PAS MARTYRES là, des pas mortes jeunes ou déchues, des pas suicidées, des pas victimes de la cruauté du monde ou du destin. Non, c'est un t-shirt de femmes admirables qui ont survécu à leur jeunesse proto-punk pour essayer le plus longtemps possible de faire évoluer la littérature et la société québécoise pour multiplier par deux le nombre de voix et de subjectivités admissibles.

Vinyle appliqué sur sac de toile de coton.

$17.00




Sac noir

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Ce produit a été ajouté à notre catalogue le lundi 27 novembre 2017.

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