Sacs fourre-tout

Tu veux un sac avec ÉVA CIRCÉ-CÔTÉ dessus. Parce qu'elle a presque été, à elle seule, TOUTE la culture canadienne-française progressiste au début du vingtième siècle. Éva Circé-Côté a donné des conférences, en plus d'écrire des pièces de théâtre, en plus de fonder la première bibliothèque municipale de Montréal, en plus d'être nommée première vice-présidente de la Société des auteurs canadiens, en plus d'ouvrir une école laïque pour filles, en plus de militer pour l'instruction gratuite, pour le féminisme, pour la séparation de l'Église et de l'état, pour toutes les idées nouvelles que le clergé trouvait débiles. Et puis durant tout ce temps-là, elle écrivait genre 1100 chroniques, essais, poèmes dans tous les journaux progressistes, radicaux, ouvriers, syndicaux qui existaient, et même dans des journaux protestants question d'en faire chier le plus possible. Et tout le monde lisait ça en se disant "c'est si beau le Québec! Nous avons un milieu intellectuel si vivant, si tourné vers le progrès!" mais tchecke ça, Éva Circé-côté a tout publié ça, les 1100 chroniques, sous un paquet de pseudonymes! C'ÉTAIT ELLE TOUTE SEULE TOUT CE TEMPS-LÀ!! Tu veux un sac avec JOVETTE BERNIER dessus. Parce que son premier roman, La chair décevante, a été écrit pour faire chier Camille Roy, un genre de Mathieu Bock-Côté de la littérature canadienne-française du début du siècle, gardien borné de la morale patriotique et du...

Les estampes de Félix Vallotton sont extraordinaires. Il capte autant la violence politique, les manifestations et les guerres, que des scènes d'intérieur parfois touchantes, parfois impudiques, moments d'intimité qui n'ont rien perdu de leur puissance. Le résesau social a été fait d'après La paresse (1896), qui représente une femme caressant un chat dans son lit. Nous avons gardé le lit, viré le chat, et ajouté un téléphone, en hommage à toutes celles et ceux qui passent des heures à paresser sur les réseaux sociaux, laissant défiler sous leurs doigts aussi bien la violence des actualités que l'impudeur des autres. Vinyle appliqué sur sac en toile de coton noire.

J'avais ma table à l'Expozine avec ma boutique. Des fois tu passes deux heures sans rien vendre et tu te dis que ça y est, c'est terminé. La fille à la table d'à côté ç'avait l'air pire. La journée finirait et elle ne pourrait peut-être pas rembourser les frais d'exposition. Et puis sa fille est arrivée, sa fille de neuf ans. Elle a sorti de son sac d'école des petits coeurs découpés dans un papier décoratif tout en brillants. Puis elle a calligraphié de sa main d'enfant des petites phrases. Dont celle-ci. "Est-ce que je pourrais prendre une photo de celle-là?" je lui ai demandé. Elle a dit oui. Et partout dans le monde littéraire on sent monter une vague, une sorte de vague. Des gens fatigués du cynisme et de l'ironie. Qui veulent des choses belles et simples. J'ai retravaillé l'image et demandé à Daria si elle acceptait que je me serve de son image. Elle a dit oui. En échange d'une impression sur une toute petite pièce de vêtement, mais je vais lui donner le même pourcentage sur les ventes qu'avec chacun de mes collaborateurs. Vinyle appliqué sur sac en toile de coton noire.

Aimer les livres plus que la vie, secrètement désirer s'extraire de cette condition, et laisser ces rêves en suspens parce qu'on ne veut pas réaliser trop vite que cette existence trépidante n'existe peut-être pas. Être fière d'aimer les livres jusqu'à en mourir. Vinyle appliqué sur sac de toile de coton.

Le Plateau, c'est La République en petit. L’époque de Michel Tremblay, cette époque de la tragédie ordinaire où les passions se déchaînaient dans les arrière-cours et les ruelles, est terminée. Le petit peuple est parti, cédant la place à une population de citoyens moins éclatants mais férus de démocratie. Ils sont, dans le Québec actuel, les seuls à avoir la volonté politique de s’engager dans un projet de société qui englobe tous les idéaux de la civilisation occidentale : une société sage, courageuse, tempérée et juste. Sur le Plateau, on n’est pas enchaîné devant la télé, on sort dehors se confronter à la Vérité. Sur le Plateau, on aimerait bien dépouiller les riches et remplacer les tyrans par des philosophes. Sur le Plateau, on ne tolère pas trop non plus le bruit le soir et les salles de spectacle qui accuillent les groupes en tournée; on aime mieux les galeries et les artistes officialisés par des subventions. Sur le Plateau, enfin, chacun croit qu’à sa mort, il marchera douze jours dans la plaine du Léthé pour arriver devant la Déesse et ses filles Lachésis, Clôthô et Atropos, qui lui demandera de choisir sa prochaine vie pour ensuite lui faire boire l’eau du fleuve Amélès qui effacera tout souvenir de son existence passée. Faut vraiment être dedans pour habiter sur le Plateau. Vinyle appliqué sur sac de toile de coton